Discours de Laurette Onkelinx, présidente du PS bruxellois – Voeux 2018
Bonjour mes chers Camarades,
Je suis aujourd’hui une femme heureuse et pour au moins trois raisons. D’abord vous voir nombreux, joyeux, bruyants, bigarrés à l’image de notre belle Région.
Tous n’ont pas de place assise et nous avons dû refuser beaucoup de monde, je leur présente d’ailleurs mes excuses. Mais vous êtes la preuve, s’il en faut, que militer ce n’est pas seulement combattre les injustices, être sur le terrain des conquêtes, inventer l’avenir, se mobiliser là où le besoin se fait sentir. Militer c’est aussi se retrouver en famille, comme aujourd’hui, simplement se sentir bien aux cotés de ses camarades, c’est partager des moments d’émotion.
La deuxième raison, c’est que ce jour me permet de présenter mes vœux. C’est toujours compliqué de trouver les mots. On dit bonheur, santé, amour,… mais on sait que d’une personne à l’autre, une belle année ça signifie des espoirs différents: aux malades la santé; à celles et ceux qui ont perdu un emploi d’en retrouver; à celles et ceux qui ont perdu un proche de se reconstruire; à celles et ceux qui arrivent à la pension de changer de vie dans la joie de nouvelles découvertes; à celles et ceux qui attendent un enfant – ça on est tous jaloux d’eux – c’est de partager avec lui ce bonheur inouï de la maternité et de la paternité; à celles et ceux qui aiment écrire ou créer c’est de trouver l’inspiration; aux amoureux de la paix que nous sommes tous, c’est de voir la violence, les guerres, les attentats s’épuiser dans le non sens; à celles et ceux qui vivent la misère, l’éloignement, la solitude, la peur du lendemain de connaître le changement; à celles et ceux qui vivent l’amour surtout de le conserver, le chérir, l’arroser quotidiennement pour qu’il grandisse tout au long de l’année. Bref, chacun met dans l’espoir d’une belle année un contenu qui lui est propre et moi je ne peux, au nom du PS bruxellois, que vous souhaiter de tout mon cœur que ces espoirs là deviennent une réalité.
Enfin, la troisième raison de mon bonheur c’est qu’on peut enfin dire: 2017 c’est fini! Ouf, c’est fini ! Comme socialistes, qu’est-ce qu’on en a bavé, reçu comme coups, comme gifles. On a du boire le calice jusqu’à la lie par la faute de quelques-uns ; nous avons été plongés dans le noir, dans la peur des infos du matin qui dévoileraient de nouveaux problèmes, dans le mépris de quelques profiteurs, la colère des militants et l’oubli de ce que nous sommes pour nous résumer à la faute de quelques-uns, comme si la vague résumait l’océan.
Stop, fini, on commence 2018 avec cette légèreté d’un matin de printemps, avec la certitude qu’après la pluie vient le beau temps, avec l’enthousiasme d’une renaissance. Heureusement, c’est parfois dans ses moments de choc, de désastre collectif que naissent de nouvelles ressources, de nouveaux progrès, des résistances et des idées nouvelles. Des jeunes en masse sont venus nous réveiller, nous bousculer et des mouvements nouveaux sont nés, des groupes de discussions sur le net, des groupes d’action ont fleuri nous empêchant la torpeur du laisser aller.
Et les prémices d’un nouveau PS sont arrivés.
– Sur la gouvernance, nous avons pris des mesures à la hauteur des enjeux. Par exemple : en matière de décumul. Et j’en profite pour saluer la décision prise par le cdH de rejoindre le PS, Ecolo et Défi dans leur volonté d’un décumul intégral d’ici les prochaines élections. On les verra au pied du mur. Oui ou non vont-ils être de véritables compagnons du changement? Vont-ils accepter qu’on discute, qu’on vote au parlement bruxellois? On verra leur honnêteté à ce sujet. En tous les cas quelque soit le parcours parlementaire nous nous appliquerons le décumul voté par nos statuts, on ne se cachera pas derrière un vote éventuellement avorté.
– L’idéologie et son affinement dans un tout nouveau programme d’avenir, nous l’avons réussi. A Bruxelles, la participation des militants au Chantier des Idées a été massive et a permis d’améliorer les propositions que nous avons parfois trouvé trop molles, pas assez fortes. C’est une réussite complète pour celles et ceux qui voulaient un nouveau profil, une nouvelle identité pour le Parti Socialiste en Belgique.
– Le succès de nos politiques. Un seul exemple… Vous savez que je vais parler d’emploi. La gauche comme la droite en font une priorité mais de manière si différente:
La droite, c’est le fédéral. Pour lui, penser l’avenir de l’emploi se résume à généraliser le temps partiel, la flexibilité, le travail précaire. Le dernier projet en date, que Bruxelles a momentanément stoppé, est révélateur: un bout d’emploi, pour 6000 euros par an, couvert par aucune protection, même pas l’accident du travail, et qui n’ouvre aucun droit, même pas à la pension.
A gauche, avec le centre, et c’est l’exemple à Bruxelles, une politique qui ne criminalise pas le demandeur d’emploi, mais qui responsabilise les pouvoirs publics pour diminuer le chômage: emplois jeunes, contrats d’insertion, nouvelles aides à l’emploi, tests de situation contre les discriminations. Nos résultats sont exceptionnels, notamment pour le chômage des jeunes qui diminue depuis 55 mois, sans discontinuer.
– Puis, notre courage, nous le puisons aussi dans celui de si nombreux Bruxellois pour qui l’humanisme, la solidarité, la générosité, est une deuxième peau. L’exemple est facile, évident, significatif: un jour de froid, des migrants soudanais, craignant pour leur vie, sont arrivés en Belgique. Un jour de froid, le premier ministre libéral a accepté que son secrétaire d’état collabore avec le régime soudanais, pour qu’il vienne rechercher ces personnes. Qu’il collabore avec le président, Omar al-Bashir, un homme mis en accusation par la Cour pénale internationale pour génocide, crime contre l’humanité et crime de guerre. Et pendant ce temps, des hommes et des femmes, de Bruxelles et d’autres régions, des anonymes, accueillent chaque nuit des migrants chez eux, pour les protéger du froid. A l’heure où le gouvernement libéral veut instaurer des visites domiciliaires à leur encontre, je veux leur dire mon admiration et mon émotion.
– Enfin, la force du PS, dans ses réussites, mais aussi ses projets pour le quotidien des gens:
Je voudrais dire ici un mot par rapport au dossier des allocations familiales: notre projet, il est simple: servir les Bruxellois. Notre Région est différente des autres. Plus de familles monoparentales, plus de familles nombreuses, plus de pauvreté aussi, et la nécessité d’avoir une classe moyenne qui se sente bien dans sa Région. Notre projet c’est pour ici et maintenant, et pas pour 2043, quand Cathérine sera 3 fois grand-mère… Tous les droits sont acquis, donc aucun perdant dans notre proposition. Et 77% des familles vont gagner plus d’allocations familiales. Je le dis clairement: s’il n’y a pas d’accord au gouvernement, il faudra que le travail se poursuive au parlement et qu’on vote, fut-ce avec une majorité alternative. Ce n’est pas mon choix, mais il y en a marre!
Je ne comprends pas le cdH…
Ca ce n’est pas nouveau… A leur propos, je reprendrai une image, qui me vient de la lecture du magnifique livre d’Alice Zeniter, “L’art de perdre“: comprendre le cdH, autant rechercher les racines du brouillard. J’espère qu’il y aura un sursaut, et que ce partenaire cessera de jouer cavalier seul ou pire, d’oublier que Bruxelles ne se fond pas dans l’identité wallonne ou flamande, mais que notre Région est unique, et mérite d’être défendue dans sa belle singularité.
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Pour 2018, je fais le voeu, comme dirait Marx, de repartir à l’assaut du ciel.
Et cet assaut, nous le ferons en travaillant dans toutes les communes pour améliorer la vie des habitants de chaque quartier.
Vous savez, mes Camarades, ça ne m’intéresse pas beaucoup, ces débats sans fin pour redessiner Bruxelles. Evidemment que si on pouvait revenir en arrière, si l’histoire de la Belgique n’était pas celle que l’on sait, si il n’y avait pas dans notre pays et dans notre Région des réalités culturelles et linguistiques différentes, si il n’y avait pas de système proportionnel, mais majoritaire, si… si… si…. On créerait autrement Bruxelles et on créerait autrement la Belgique, plus généralement. Mais avec des si, on mettrait Paris en bouteille, et ça c’est pas possible.
Alors bien sûr qu’on peut toujours avancer, améliorer… On en a des propositions, au parti, pour débarasser Bruxelles des lourdeurs et des freins qu’elle connaît. C’est par exemple stupide de nous empêcher d’avoir des listes bilingues, d’avoir des instances que seuls les initiés comprennent. Marc me dit toujours que les étudiants en droits sont stupéfaits, abasourdis de savoir qu’il y a, à côté de la Région, une COCOF, une COCOM, une VGC …
Mais le plus urgent pour moi, n’est pas de se plaindre de cette réalité, mais d’aller dans le concret de la vie des gens. Sur les marchés, dans les associations, en porte-à-porte, je n’ai pas envie de dire “Madame, ne pensez-vous pas que la vie serait plus belle sans la COCOM?”,… non! On va y aller, en montrant que les socialistes à la gestion communale, cela fait la différence et des exemples j’en ai à foison:
– Ainsi en est-il des crèches et des écoles. Je le dis, ça sera pour nous la priorité numéro 1 pour cette Région, qui connaît la proportion de jeunes et de jeunes parents la plus importante du pays. Je ne vais citer que des exemples dans les communes où nous avons le bourgmestre, même si ailleurs nos élus ont permis de faire avancer les dossiers. Saint-Gilles: 700 places nouvelles dans le fondamental, 200 dans les crèches, une nouvelle école secondaire, le Lycée Roger Lallemand. Forest: là aussi de nouvelles structures d’accueil et une nouvelle école communale primaire, Bruyères-Horta. A Anderlecht, avec trois nouvelles écoles francophones, et une nouvelle école néerlandophone, 2.200 nouvelles places en maternelle et primaire. A Evère, où le chiffre 6 est magique : 6000 nouveaux habitants en 6 ans, plus de 600 places nouvelles en maternelle et primaire et cette année, la première école secondaire de la commune.
A Saint-Josse, avec un formidable travail pour diminuer le nombre d’élèves par classe: en maternelle de 23 à 21 et primaire de 18 à 16. Et puis on a doublé le nombre de places en crèche.
A Bruxelles, près de 2.600 nouvelles places dans les écoles et 519 dans les crèches. Les budgets sont déjà engagés pour 1.200 nouvelles places supplémentaires…
Vous me permettrez, mes chers Camarades, un petit mot, pour Bruxelles, qui a été particulièrement touchée par les drames de 2017. Philippe, et avec toi toute l’équipe PS du Collège et du Conseil, vous faites un travail remarquable. Vous êtes partout jusqu’à l’épuisement, vous regagnez la confiance, vous développez un nombre de projets impressionnant. Je le sens, je le sais, en 2018 vous allez gagner.
Mes chers amis, il y a tant d’autres projets que je pourrais égrener et qui ont été réalisés grâce au ps, dans tous les domaines : comme l’aide aux plus démunis avec les frigos solidaires à Woluwé, les invendus alimentaires à Schaerbeek, la première lunetterie sociale à Etterbeek. Comme en matière d’environnement, la cogénération à Ganshoren ou la promenade verte urbaine à Ixelles, la création de nouveaux logements, le nombre est impressionnant dans chaque commune où nous pouvons peser. Avec la sécurité : les anges d’Ixelles ou la brigade Silva de Foret. Avec de nouveaux festivals et parcours d’artistes, avec une multitude de projets pour la participation citoyenne.
C’est avec des réalisations pareilles que nous allons monter sur le ring, avec des équipes renouvelées, mélanges d’expérience et de nouvelles figures. Rien que pour les têtes de liste, 11 changements sur 19. De ces 11 nouvelles personnes, je voudrais d’abord mettre en évidence les 9 nouvelles têtes qui n’ont pas encore de responsabilités au niveau échevinal : Catherine Moureaux à Molenbeek, Mathieu Degrez à Schaerbeek, Martin Casier à Watermael Boitsfort, Yonnec Polet à Berchem, Cécile Vainsel à Woluwe-Saint-Pierre, Jean Leclercq à Woluwe-Saint-Lambert, Julien Casimir à Jette, Vanessa Rigodanzo à Auderghem et Bernard Hayette à Uccle. Je vous demande de les applaudir, c’est la nouvelle génération du PS bruxellois qui travaillera, j’en suis sûre, jour et nuit dans l’intérêt des citoyens.
Je veux aussi mettre en évidence 2 hommes qui vont monter sur le terrain, sur le ring. Eux ont déjà une expérience mais pour la première fois, ils vont conduire la liste PS aux élections communales, c’est pour Bruxelles-Ville, notre rugbyman, Philippe Close et pour Ixelles, notre boxeur toutes catégories Bea Diallo.
Et puis mes chers camarades, les confirmés. 2 doivent encore l’être officiellement et se feront dès lors discrets aujourd’hui mais il ne fait nul doute qu’ils seront aux premières loges, je vous demande d’applaudir Michèle Carthé à Ganshoren et, mes chers camardes, Charles Picque à Saint-Gilles.
Et puis les autres. Les autres qui sont absolument incontournables et incontestables. Vous me permettrez de les citer par ordre alphabétique Marc-Jean Ghyssels à Forest, Emir Kir à Saint-Josse, Ahmed Laaouej à Koekelberg, Rachid Madrane à Etterbeek, Eric Tomas à Anderlecht et Rudi Vervoort à Evere.
Mes chers amis, nous sommes présents dans la majorité de 9 communes, nous avons 6 bourgmestres. Je veux être claire, mon ambition n’est pas seulement de conforter ces chiffres mais d’accéder à un nombre à 2 chiffres. Avec toutes celles et ceux que j’ai cités,entourés d’équipes bien choisies, enthousiastes, je suis persuadée que nous allons y arriver. Merci dès lors à toutes nos têtes de liste de monter sur scène et avec moi de souhaiter une nouvelle fois à tous nos militants, à tous les Bruxellois, une excellente année 2018.
Laurette Onkelinx
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