Depuis quelques années, l’Europe est de plus en plus contestée. La crise financière de 2008, suivi d’une crise économique qui a ébranlé la confiance que les gens avaient en l’Europe. Les raisons sont multiples et parmi celles-ci, la volonté d’une Europe libérale de mener des politiques d’austérité sous le prétexte de réduire les dettes souveraines. À la commission des résolutions, nous avons voulu réaffirmer l’engagement socialiste pour l’Europe.
Rendre l’Europe plus juste, plus solidaire, porteuse d’un nouveau modèle de développement sur le continent comme pour le monde est une exigence que le PS devrait porter auprès de ses citoyens, c’est le sens des amendements déposés par les sections. Les sections bruxelloises veulent redonner des couleurs à une Europe qu’ils souhaitent changer, lui redonner l’ambition d’un outil, de paix, de progrès, d’innovation et de prospérité.
Aux 8 chapitres proposés par le parti, nous en avons ajouté 4 nouveaux qui s’articulent autour de solutions concrètes. Les citoyens sont fatigués des discours sur les qualités de l’Europe, ils croient en une Europe qui répondra à leurs problèmes. Notre priorité reste la concrétisation de l’Europe sociale. Pour y arriver, nous devons arrêter cette mécanique infernale de l’austérité qui a conduit à fragiliser la situation sociale de millions de gens.
Les amendements proposent de sortir du carcan budgétaire imposé par les institutions européennes. Nous voulons exclure les dépenses stratégiques d’avenir du calcul des déficits publics pour permettre aux Etats, aux Régions, aux communes d’investir à nouveau dans les infrastructures d’intérêt général. Nous avons à abroger le Traité sur la Stabilité, la coordination et la convergence. La Banque Centrale européenne devrait être une banque d’investissement pour les autorités publiques. Dans le dispositif du semestre européen, nous aurons à introduire des critères macro-économiques qui traduisent la réalité sociale des Etats membres tels que le taux de chômage. Il n’y a pas de raison de punir les Etats qui se battent pour réduire la fracture sociale entre leurs citoyens.
Les ajouts des propositions 68 bis et 68 ter rappellent que sans une Europe qui investit pour ses citoyens, nous ne pourrons pas mener de politique volontariste de création d’emploi notamment au travers d’une véritable politique industrielle européenne. Pour investir dans la transition énergétique, la recherche scientifique, l’économie numérique ou encore la cohésion sociale, nous aurons besoin de justice fiscale et d’une Europe qui sanctionne les fraudeurs et empêche les évasions fiscales. Les enquêtes des journalistes sur les pratiques scandaleuses des capitalistes doivent permettre maintenant aux autorités publiques d’harmoniser leurs politiques fiscales pour décourager la concurrence fiscale entre Européens, d’échanger des informations fiscales automatiquement entre les pays et de lutter tous ensemble contre les paradis fiscaux. Cela ne suffira pas et nous aurons besoin d’instruments de défense commerciale pour nous faire entendre des pays qui ne respectent ni les normes sociales ni les normes environnementales en réduisant leurs populations à un esclavage moderne. Il est inadmissible au 21ème siècle que 20 % de la population mondiale vivent toujours sous le seuil de pauvreté. Delphine vous en parlera beaucoup mieux que moi.
La concrétisation d’une Europe sociale. Les discours sur l’Europe sociale se sont multipliés ces dernières années. Juncker s’était engagé à œuvrer pour le social dans son discours de candidature, il y a eu ensuite le triple A social et dans quelques jours, il y aura le sommet social de Göteborg. Des textes, mais hélas ! Rien de concret. Mais que pouvait-on attendre des conservateurs ? Rappelons-nous le temps d’une présidence belge quand Laurette, alors ministre des Affaires sociales, avait fait progresser de manière déterminante la directive sur l’information et la consultation des travailleurs. C’est ce type d’accord que les citoyens comme les syndicats attendent des partis, politiques. En outre, un des amendements rappelle qu’au même titre que le traité budgétaire, les Etats membres devraient être obligés d’établir des plans de convergence sociale.
La lutte contre le dumping social et la concurrence déloyale en Belgique et en Europe a retenu toute notre attention. Nous pensons qu’il est urgent de réviser la directive sur le détachement des travailleurs et le règlement sur la coordination des systèmes de sécurité sociale. La philosophie de nos amendements est de pouvoir encadrer les entreprises, protéger les travailleurs et garantir un contrôle accru pour lutter contre les faux indépendants et pour vérifier le respect des normes sociales et environnementales. Dans tous les pays européens, les socialistes doivent promouvoir l’idée d’une convergence des protections sociales des Etats membres sans recul ou sans démantèlement même partiels. Enfin toujours dans le domaine social, nous réclamons la mise en place d’un salaire minimum en Europe. Voilà brièvement, énoncées, les priorités européennes sur lesquelles, la commission des résolutions s’est accordée.
Les dernières élections en Europe n’ont pas été favorables aux socialistes et ont été trop souvent profitables aux partis populistes. Notre combat pour la démocratie européenne est essentiel et permettra de nous réconcilier avec des citoyens qui nous demandent que nous les écoutions, que nous les rassurions, que nous les protégions. N’oublions jamais de nous rappeler les derniers mots de Mitterrand au Parlement européen : « Le nationalisme, c’est la guerre ».
Sur le commerce international, je passe, maintenant, la parole à Delphine qui a été de tous les rendez-vous ces derniers mois et qui s’inscrit dans les propositions de politique internationale que nous voulons que le PS défende. Je vous remercie de votre attention.
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