Premier Mai – Une alternative est possible, ensemble

Premier Mai – Une alternative est possible, ensemble

Mes chers camarades,

Pour vous, comme pour moi, cette journée est  tellement importante.

Parce qu’elle nous rappelle que le combat est bien plus beau, bien plus fort que la résignation, que la solidarité soulève des montagnes et que nos valeurs sont celles qui portent l’espoir d’un monde plus juste, plus équitable, plus fraternel.

Avec Pierre Verbeeren, nous avons de nouveau palpé la violence du monde.

Et nous nous sentons honteux d’une politique internationale qui échoue à régler les conflits qui enflamment le monde.

Dans le bassin syrien, en Afrique, au Moyen Orient , les jours ont la couleur du sang et les nuits l’odeur de la mort.

Ce qui m’effraie,  c’est l’indifférence qui s’installe. Entre deux verres, entre la poire et le fromage, on écoute distraitement le nombre de bombes qui se sont abattues ici ou là, ou le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants dont la vie s’est arrêtée en Méditerranée.

Depuis janvier de cette année, l’organisation internationale des migrations en a dénombré 1232 de ces personnes qui tout simplement avaient décidé de fuir l’horreur et ont rencontré le vide.

Comme la Peste, l’épidémie d’indifférence et de rejet gagne du terrain à toute vitesse.

Les cœurs se durcissent. On se rejette les réfugiés en Europe, d’un pays à l’autre comme s’ils n’étaient pas nos frères et nos sœurs.

Alors oui Pierre, quelle admiration, quel respect je ressens pour toi et tous ceux qui ne se résignent pas devant l’indicible horreur et remettent de l’humanité là où la barbarie l’a emporté.

Au nom de tous les militants, je te dis simplement : merci.

Mes chers camarades,

La violence n’a pas épargné la Belgique et nous pleurons encore les victimes d’une folie meurtrière qui s’est abattue ici et dans tant d’autres pays au monde.

Le terrorisme a provoqué chez nous des peurs et des replis. Il brûle des espoirs et sème la discorde.

Alors qu’il faudrait tous se serrer les coudes, faire corps contre la violence et revendiquer ensemble notre démocratie et nos libertés, on sent que des fissures minent notre société.

La parole s’est libérée charriant du racisme, des amalgames. Ici Madame, on discrimine, on stigmatise.

Le Centre pour l’égalité des chances a par exemple dénoncé depuis les attentats de Paris une augmentation des signalements pour islamophobie. Une tendance qui , selon ses propres termes, se marque plus fort sur Internet et dans le domaine de l’emploi, deux domaines qui représentent près de 70% des signalements reçus. Et le plus inquiétant continue le Centre, reste le degré de violence des faits rapportés pour le domaine de la vie en société, que ce soit des agressions verbales gratuites envers des femmes voilées ou l’atteinte à l’intégrité physique de personnes identifiées comme musulmanes. Et ça, Monsieur Jambon, ce sont des faits et pas des fables !

Le racisme, je le rappelle est non seulement odieux mais illégal. Les discriminations sont non seulement insupportables mais illégales.

Et c’est notre parti qui l’a inscrit – fièrement – dans le code pénal.

Cécile, toi qui a connu comme ministre de l’Intégration en Italie un déchainement d’agressivité raciste inimaginable, je te remercie d’être parmi nous, d’avoir témoigné avec tant de dignité de la douleur d’être rejeté pour son apparence, mais aussi de la nécessité de rester debout face à l’adversité et de continuer le combat pour le respect et l’égalité.

Merci Cécile !

 

Mes chers camarades,

Comme si cela n’était pas assez, comme si la malédiction s’était abattue sur nous… nous devons subir un gouvernement faible et injuste.

Est ce que je prononce ces mots pour mettre de l’ambiance et pour joyeusement taper sur un gouvernement de droite le jour de la fête des travailleurs ?

Non.

Faible, ce gouvernement l’est.

Retenez ceci.

Alors que nous étions fiers d’avoir une croissance économique supérieure à la moyenne européenne, la politique de ce gouvernement nous met à la traine, en dessous de cette moyenne .

Alors que Charles Michel a expliqué que la raison d’être de ce gouvernement de droite était de créer une nouvelle dynamique d’emploi – job, job, job – il disait – aujourd’hui, les masques tombent. Il y a quelques jours, Eurostat a communiqué ses chiffres sur le taux d’emploi en Europe et, la Belgique est, avec la Finlande, le seul pays à voir son taux d’emploi diminuer !!

Par contre, je vous confirme ce que j’annonçais : les « tax, tax, tax » sont bien là.

Alors que l’équipe MR-NVA se targuait d’une nouvelle dynamique budgétaire, elle n’arrive pas à suivre sa trajectoire et a reçu un avertissement de l’Europe.

Et puis, en termes de gouvernance, ils n’en finissent pas de se disputer, de se tirailler donnant un spectacle souvent affligeant du pays.

Ce gouvernement est faible et injuste.

A chaque conclave, ils renforcent leurs mesures punitives sur les pensionnés, les fonctionnaires, les chômeurs et les malades,…

Toutes ces mesures frappent ceux qui n’ont pas grand-chose mais que la droite accuse de profiter du système et qu’elle présente comme des privilégiés.

Parce que voyez-vous, pour la droite, le privilégié, ce n’est pas celui qui détient une grosse fortune. Pour la droite, celui qui abuse ce n’est pas celui qui va mettre cette fortune au Panama…

Non, pour la droite le privilégié qui abuse, c’est le chômeur et l’invalide qui ne feraient pas assez d’effort pour retrouver un emploi.

Pour la droite, le privilégié qui abuse, c’est le jeune qui n’arrive pas à terminer ses études supérieures avant 25 ans.

Pour la droite, le privilégié, c’est le travailleur épuisé qui voudrait s’arrêter de travailler à 62 ans ou la travailleuse à temps partiel qui ne parvient pas à trouver un temps plein au bout de 2 ans.

Pour la droite, ce seraient eux les « privilégiés » auxquels il faut s’attaquer quand l’Etat doit trouver de l’argent.

Certains commentateurs disent qu’ils osent des réformes.

C’est vrai mais jamais contre ceux trichent avec l’argent, jamais contre ceux qui ont des plus values gigantesques ou des rentes de situation ou des fortunes importantes ou des patrimoines considérables.

Non, leur force s’arrête là où commence la puissance de l’argent.

Et ce n’est pas beau, ni digne, ni juste.

 

Mes chers camarades,

Le 1er mai est né aux États-Unis des luttes des travailleurs de Chicago pour l’obtention de la journée de huit heures et de la répression qui s’en est suivie en 1886.

Cette journée rappelle sans cesse la nécessité des luttes syndicales et le combat pour une amélioration de la qualité de l’emploi.

A cet égard, nous sommes à un tournant.

Parce que ce gouvernement a décidé d’être récessif, c’est à dire de reculer, de retourner dans le passé.

1 exemple : le temps de travail

Comme ministre de l’emploi en 2001, j’avais été heureuse d’abaisser la durée hebdomadaire de travail à 38 heures par semaine .

Ce gouvernement a décidé de revenir au passé.

La durée normale du travail va être calculée automatiquement en référence à une année avec une limite  de 9h par jour et 45h par semaine.

Dans ce régime, le travailleur recevra un crédit de 100 heures supplémentaires par an qui ne devront pas être récupérées (payées ou placées sur leur « compte-épargne-temps”).  Ce crédit peut être étendu à 360  heures au niveau sectoriel. Ce qui signifie jusqu’à l’équivalent de 40 jours d’heures supplémentaires non récupérées !!!!

Le travail de nuit passe de 22 à 6h (aujourd’hui 20 à 6h). Cette flexibilité peut encore être renforcée au niveau sectoriel vers 11h par jour et 50h par semaine.

Avec l’Introduction du Contrat de travail intérimaire à durée indéterminée, c’est toute la qualité d’emploi qu’on balaie. Cette mesure va à l’encontre de l’évolution des besoins et des demandes des travailleurs (voir à ce sujet le nombre de 4/5éme temps qui a doublé en 15 ans).

Et elle va à contresens de l’Histoire, quand on sait que la révolution numérique va balayer des dizaines de milliers d’emplois.

On va créer encore plus de chômage d’une part et de l’autre on va épuiser à outrance les travailleurs qui auront la chance d’avoir un emploi.

C’est une régression sans précédent.

Et nous emploierons tous les moyens disponibles pour empêcher ce que j’appelle une violence sociale qui va  pénaliser les travailleurs qui n’auront d’autres choix que d’accepter de travailler plus quand leur employeur l’exige.

 

Le PS fera par contre des propositions alternatives.

Nous sommes en chantier, nous avons déjà déposé des dizaines et des dizaines de propositions qui font la différence avec la droite.

Mais ce que nous exigerons comme alternative de gauche, pour augmenter l’emploi et la qualité du travail, c’est la réduction collective du temps de travail. Philippe, je te rejoins à 100% !

Quelle que soit sa forme, semaine des 4 jours ou diminution hebdomadaire, nous reprendrons le chemin des grandes avancées sociales qui sont notre marque de fabrique.

Un chemin passionnant que nous sommes les seuls, je le crois, à pouvoir mener à bien!!

Comme je parle d’emploi, je voudrais encore une fois saluer le travail du gouvernement de Rudi qui, avec Fadila et en interaction constante avec Rachid, fait un travail formidable.

Ce 1er mai, grâce à la Garantie Jeunes, Bruxelles connaît sa 35eme baisse mensuelle successive du chômage des jeunes.

Le chômage des jeunes, qui a baissé de presque 30 % en trois ans, est désormais au plus bas depuis 1/4 de siècle.

Vu le contexte difficile, je me réjouis évidemment de cette évolution positive qui est le résultat direct du volontarisme du gouvernement bruxellois et du travail des équipes des SERVICES PUBLICS d’emploi, Actiris, Bruxelles Formation et le VDAB-Brussel.

A l’heure où d’autres détruisent les services au public pour des raisons idéologiques, Bruxelles démontre qu’investir dans les services à la collectivité est efficace. Les élus sont là pour transformer les problèmes en solutions. C’est tout le sens de notre engagement socialiste. Alors oui, je dis merci au Gouvernement Vervoort de démontrer l’efficacité de l’action publique. Actiris et Bruxelles formations sont le réseau de ceux qui n’ont pas de réseau et c’est pourquoi, je vous le dis en ce jour symbolique de la fête du travail, nous continuerons à les soutenir dans leur lutte contre les discriminations et les inégalités économiques. C’est aussi cela résister à ceux qui s’attaquent à notre démocratie.

Alors est-ce suffisant ? Évidemment non !

Le chômage des jeunes reste trop élevé. Et en particulier celui des plus fragiles.

Bruxelles, sous l’impulsion des socialistes, va être la première région à investir dans une nouvelle solution collective qui vise rien de moins qu’éradiquer le chômage des jeunes de longue durée par le contrat d’insertion.

On l’avait promis. Ca y est, ca démarre. Il sera opérationnel dès le 1er juillet prochain. Les employeurs publics, les communes et les CPAS, les employeurs non marchands ont répondu massivement à l’appel. A terme, d’ici un an, 800 postes de travail pour contrats d’insertion, des CDD d’un an auront été créés. Cela veut dire que chaque année, 800 jeunes bruxellois chômeurs de longue durée se verront proposer une première expérience professionnelle : un vrai contrat de travail d’une année visant à leur mettre le pied à l’étrier et à briser le cercle vicieux de l’exclusion socio-économique.

J’ai la conviction que cette initiative publique est également l’un des meilleurs outils pour lutter radicalement contre les discriminations à l’embauche.

Et nous irons plus loin.

Avec Gregor Chapelle je me suis rendue en France où une expérience pilote va être lancée pour des zones 0 chômage de longue durée. Pour une fois, ce projet porté par un socialiste et par ATD quart monde a réussi à faire l’unanimité à l’Assemblée nationale.

Quand je vois certains quartiers de notre capitale, je me dis que c’est un devoir pour nous de le faire ici aussi.

Le taux de chômage dans certains quartiers est tel qu’ils se transforment en bombe sociale. Et les mesures de sécurité n’y feront rien. Nous devons agir sur une des causes majeures du désespoir : le non emploi, le sentiment d’être abandonné, de n’avoir aucune perspective.

Eradiquer le chômage de longue durée, ce n’est pas une utopie. C’est tout simplement un impératif social.

Mes chers camarades,

Ces propositions feront partie de notre futur projet, comme l’impôt sur la fortune,  ou comme la consultation chez le médecin généraliste à 0 euros pour laquelle, mon cher Jef, je félicite Solidaris.

Et nous prendrons dans le domaine de l’école ou de l’environnement des positions nouvelles qui feront écho au film « Demain » qui nous a tous enthousiasmés.

Mais pour changer le monde et changer la vie, il faut commencer par refuser des traités qui ont pour but ultime le profit des investisseurs, au détriment s’il le faut du bien être de la population, de la santé ou de l’environnement.

Voilà pourquoi je soutiens nos députés bruxellois pour dire non au TTIP commevient de le faire le parlement wallon.

 

Mes chers camarades,

Cécile vient d’un pays qui pour contrer le terrorisme a décidé d’investir massivement dans la culture.

A l’heure de se mettre à l’ouvrage pour repartir à l’offensive, construire de nouvelles solutions pour rendre de la justice et de l’égalité , c’est avec Guillaume Appolinaire que je vous dirai : « il est grand temps de rallumer les étoiles ».

 

Bonne fête du Premier Mai!

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